El insomnio tiene momentos así:
"la matière première de la littérature n'est pas l'innommable, mais bien au contraire le nommé; ceint qui veut écrire doit savoir qu'il commence un long concubinage avec un langage qui est toujours antérieur. L'écrivain n'a donc nullement à « arracher » un verbe au silence, comme il est dit dans de pieuses hagiographies littéraires, mais à l'inverse, et combien plus difficilement, plus cruellement et moins glorieusement, à détacher une parole seconde de l'engluement des paroles premières que lui fournissent le monde, l'histoire, son existence, bref un intelligible qui lui préexiste, car il vient dans un monde plein de langage, et il n'est aucun réel qui ne soit déjà classé par les hommes : naître n'est rien d'autre que trouver ce code tout fait et devoir s'en accommoder. On entend souvent dire que l'art a pour charge «/'exprimer l'inexprimable : c'est le contraire qu'il faut dire (sans nulle intention de paradoxe) : toute la tâche de l'art est inexprimer l'exprimable, d'enlever à la langue du monde, qui est la pauvre et puissante langue des passions, une parole autre, une parole exacte".
Roland Barthes. Essais critiques.
La tradu al inglés:
"The primary substance of literature is not the unnamable, but on the contrary the named; the man who wants to write must know that he is beginning a long concubinage with a language that is always previous. The writer does not 'wrest' speech from silence, as we are told in pious literary hagiographies, but inversely, and how much more arduously, more cruelly and less gloriously, detaches a secondary language from the slime of primary languages afforded him by the world, history, his existence, in short by an intelligiblity which preexists him, for he comes into a world full of language, and there is no reality not already classified by men: to be born is nothing but to find this code ready-made and to be obliged to accomodate oneself to it. We often hear it said that it is the task of art to express the inexpressible; it is the contrary which must be said ...: the whole task of art is to unexpress the expressible, to kidnap from the world's languages, which is the poor and powerful language of the passions, another speech, an exact speech".
"la matière première de la littérature n'est pas l'innommable, mais bien au contraire le nommé; ceint qui veut écrire doit savoir qu'il commence un long concubinage avec un langage qui est toujours antérieur. L'écrivain n'a donc nullement à « arracher » un verbe au silence, comme il est dit dans de pieuses hagiographies littéraires, mais à l'inverse, et combien plus difficilement, plus cruellement et moins glorieusement, à détacher une parole seconde de l'engluement des paroles premières que lui fournissent le monde, l'histoire, son existence, bref un intelligible qui lui préexiste, car il vient dans un monde plein de langage, et il n'est aucun réel qui ne soit déjà classé par les hommes : naître n'est rien d'autre que trouver ce code tout fait et devoir s'en accommoder. On entend souvent dire que l'art a pour charge «/'exprimer l'inexprimable : c'est le contraire qu'il faut dire (sans nulle intention de paradoxe) : toute la tâche de l'art est inexprimer l'exprimable, d'enlever à la langue du monde, qui est la pauvre et puissante langue des passions, une parole autre, une parole exacte".
Roland Barthes. Essais critiques.
La tradu al inglés:
"The primary substance of literature is not the unnamable, but on the contrary the named; the man who wants to write must know that he is beginning a long concubinage with a language that is always previous. The writer does not 'wrest' speech from silence, as we are told in pious literary hagiographies, but inversely, and how much more arduously, more cruelly and less gloriously, detaches a secondary language from the slime of primary languages afforded him by the world, history, his existence, in short by an intelligiblity which preexists him, for he comes into a world full of language, and there is no reality not already classified by men: to be born is nothing but to find this code ready-made and to be obliged to accomodate oneself to it. We often hear it said that it is the task of art to express the inexpressible; it is the contrary which must be said ...: the whole task of art is to unexpress the expressible, to kidnap from the world's languages, which is the poor and powerful language of the passions, another speech, an exact speech".
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